Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lléréhys
29 juillet 2010

Nine Bloody Lines chapitre 5...

... Le poids des regrets

Le journal fut froissé sans ménagement, avant d'achever sa carrière dans un coin de rue. De lourdes bottes en cuir écrasèrent les divers détritus qui jonchaient le trottoir. Caleb émergea  de la ruelle sombre et se fondit dans les artères passantes de la ville. La rage broyait son cœur.
Quelques minutes plus tôt, le journal du soir lui avait appris la mort de Vincent Price, éminent scientifique à la renommée mondiale, dans l'explosion de son laboratoire. Le temps d'une seconde, cette nouvelle l'avait réjoui. Le temps de lire la suite de l'article. Sa gorge s'était noué en lisant l'annonce de la mort de sa soeur. D'après le journaliste, le corps n'avait pas été retrouvé mais la mort de faisait pas de doute, au regard de la dose de sang retrouvée sur les lieux.
Une cérémonie serait donné en l'honneur du père et de sa fille, malgré le vide des cercueils. Celui d'Adélaïde n'avait pas été retrouvé, quant à celui de Vincent, il n'en restait pas assez pour l'inhumer.

Caleb fut dévoré par le remord après sa lecture. Il l'avait abandonnée! Il lui avait promit de revenir la chercher et il ne l'avait pas  fait. La folie de Vincent l'avait tué. Sa lâcheté à lui l'avait tué tout autant. Jamais il ne se le pardonnerait!

Caleb rejoignit son appartement, maussade et sombre.   Et détruisit méticuleusement tous les objets qu'il contenait. Après une nuit de rage froide et de destruction aveugle, il décida de retourner à Venise. Voir pour la dernière fois la maison de son enfance, rendre un dernier hommage à sa soeur, sur sa tombe.
A l'aube, il se mit en route. Le voyage fut long et pénible. Les jours étaient durs, et les nuits pires encore.

Bien plus tard, Caleb entra dans Venise. Il arpenta les ruelles, longeant le Canal. Il écouta les rumeurs de la ville, appris les derniers ragots, les éternels commérages. L'opinion publique s'entendait pour dire que le manoir des Price était hanté, maudit. Personne ne l'avait acheté. Personne ne le squattait, ni jeunes en manque de sensation forte, ni sans abri. Le lieu était fui comme la peste.

Caleb finit par laisser ses pas l'y conduire, réticent et malheureux. Au détour d'une rue, il le vit enfin. Le choc fut plus dur qu'il ne l'avait prévu. Le manoir était en ruine, le jardin à l'abandon. La splendeur des jours heureux du temps de Malvina étaient loin déjà, à jamais révolus.  A voir la battisse ainsi, il était facile de croire qu'ils n'avaient jamais eu lieu.

Le jeune homme pénétra dans le jardin, shootant dans les débris des fontaines et des statues.  Essayant de se remémorer ce qu'elles avaient représenté, où elles étaient situé. Les fenêtres du rez de chaussé avaient été condamnés par des planches. Ce qui donnait à la maison des airs de cadavre.
Il n'y avait sans doute plus grand chose à voir à l'intérieur, mais il devait aller jusqu'au bout. Écorché son âme meurtrie jusqu'à ce qu'il n'en ai plus. Attrapant la première planche, il s'attaqua à la fenêtre la plus proche. Les échardes se plantaient dans ses mains nues, écorchant sa peau. Ses blessures le brulèrent mais il n'y prêta pas attention. Il ne s'en souciait jamais. Il n'avait eu de cesse de se faire du mal depuis l'annonce du décès. Mais jamais la douleur physique n'avait rivalisé avec la douleur qui lui rongeait l'esprit.

Planche par planche, la fenêtre finit par être dégagé. Sans se soucier du sang sur ses mains, Caleb ramassa une brique. La matière rugueuse accrocha ses entailles et il noua ses doigts autour du projectile. Puis il le balança dans la vitre. Une pluie d'éclats argentés se déversa sur le sol. Passant à travers l'ouverture, écrasant le verre sous ses Doc's noirs, pour la première fois depuis des années, Caleb rentra dans sa maison.



Publicité
Commentaires
S
J'espère qu'il va retrouver sa soeur!!!!
S
J'aime beaucoup cette histoire, je viens de tout lire d'une traite et je n'aurais qu'une chose à ajouter: "Vivement la suite!"
M
J'ai beaucoup aimé ce chapitre. La narration est très bien menée et il y a de jolies phrases. J'aime notamment beaucoup : "une nuit de rage froide et de destruction aveugle", j'en ai eu des frissons. Les émotions de Caleb sont assez palpables, j'attendais vraiment de voir sa réaction et je ne suis pas déçue.<br /> <br /> Oh, le prochain chapitre sera-t-il la fin ?
V
Oh ! Et la suite ? Tu vas nous faire languir longtemps comme ça ?<br /> Bisous<br /> Valentine
Derniers commentaires
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité