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Lléréhys
15 juillet 2010

NBL Chapitre 3

L'Ange Pleureur

Adélaïde pleura sa douleur. Puis elle pleura la trahison de son père. Son corps était lourd et froid, semblant être devenu de la même matière que la table sous son dos.

Une fois sa tâche achevée, Vincent laissa sa fille attaché dessus. Il ne lui dit pas un mot, ne lui lança pas un regard. Il attendit simplement que ses larmes cessent. Quand cela fut fait, il approcha un grand miroir, pour qu'elle puisse admirer son oeuvre. C'était bien plus de que de la science à ses yeux. C'était de l'art, c'était un miracle. C'était divin. Elle ne pourrait que s'en rendre compte, et le remercier. Assurément.

Fier de lui, il lui présenta le miroir. Adélaïde plongea ses yeux dans le reflet, et hoqueta de stupeur. Un sanglot se coinça dans sa gorge et manqua de l'étouffer. S'étranglant presque dans ses sanglots, elle supplia son père de lui enlever ça! De la rendre comme avant. Elle ne voyait rien de divin ou de beau dans sa nouvelle nature. Seulement quelque chose de choquant et de dénaturé.

L'estomac de Vincent se contracta de rage. Ainsi, cette petite gourde ne le comprenait pas, elle ne fichait éperdument du don extraordinaire qu'il venait de lui offrir. Il se demanda comment un homme tel que lui avait pu donner naissance à une créature si superficielle et banale.
Il se pencha sur elle pour lui murmurer
" Je n'ai nullement l'intention d'accéder à ta requête, ma chérie. Tu es ma plus belle création, et tu me serviras très bien. Une fois que je t'aurais mater. Cesse de pleurer, chérie, veux -tu. Cela ne sert à rien, je ne peux revenir en arrière. Tu ne souhaites pas réellement que je t'enlèves tout ceci. Tu en mourrais, tu ne peux plus vivre que comme cela. Telle que je t'ai voulu. Tu es ma fille, chérie, tu dois faire plaisir à ton vieux père. Ne t'inquiètes pas, tu finiras par t'aimer ainsi. A voir ta nouvelle beauté. ... Et si ce n'est pas le cas, tant pis. C'est bien le dernier de mes soucis. L'important c'est que tu me serves sans discuter."

Pendant son discours, il ne cessa de caresser son visage, puis il lui adressa un sourire sournois, et s'éloigna. Il avait encore beaucoup à faire pour réaliser ses desseins divins. Il laissa sa fille là, sanglée sur la table de métal imbibé de sang. Et il l'oublia.

Il ne la détacha que le lendemain, et la laissa tomber dans un coin de la pièce. Il n'était pas question qu'elle sorte du laboratoire. Adélaïde resta prostrée contre le mur, cachée par ses cheveux et par les ombres.

Plusieurs fois par jours, Vincent la nourrissait, la lavait puis s'occuper de cette partie nouvelle et monstrueuse de son corps qu'il lui avait greffé. Le reste du temps, il l'oubliait, ne se souciant pas d'elle, ne lui parlant jamais. Et Adélaïde ne disait rien non plus, souhaitant juste se noyer dans ses larmes et que cesse ce cauchemar.

Les jours devinrent des semaines, et rien dans cette routine ne changea. Vincent travaillait sur sa fusée et Adélaïde souhaitait mourir. Avant que son père ne termine cet engin diabolique qui l'enverrai dans le ciel, à la recherche du paradis. De tout évidence, Vincent n'avait pas compris ce qu'était réellement le Paradis. Mais elle ne savait pas trouver les mots pour lui expliqué. Ses pensées revenaient souvent vers son cher frère, elle se demandait où était Caleb en ce moment, ce qu'il faisait, et avec qui. Elle espérait qu'il était heureux, loin d'ici. Mais une partie d'elle, plus égoïste, ou tout simplement qui voulait vivre, souhaitait le voir revenir et mettre fin à son supplice. Il lui avait promis de revenir et voilà des années qu'elle l'attendait. Mais il ne venait toujours pas.

Puis, le grand jour arriva. La fusée fut prête, Vincent, plus imbu de lui même que jamais, tourna autour comme un loup affamé. Elle allait enfin s'envoler, emportant sa fille vers son destin. Il ne lui restait plus qu'à la démarrer et à enfermer Adélaïde dedans, bien entendu.

L'intéressée regarda la scène avec des yeux immenses, et le cœur immobile. Elle ne voyait plus aucun moyen d'échapper à son sort. Mais elle ne croyait pas vraiment pouvoir atteindre la Paradis là dedans. Non, elle s'attendait plutôt à un crash. Elle priait simplement que cet engin de malheur ne s'écrasa pas sur la ville.

Vincent allait et venait dans son laboratoire, réglant les derniers détails. Il était si surexcité, il semblait tournoyer autour de sa création avec une joie perverse. Mais c'est sa joie qui le perdit. Son attention toute accaparée par son bonheur et sa fierté démesurée, il dut faire une fausse manœuvre. 

La fusée s'emballa, toussa, cracha. Des bruits étranges montèrent de son moteur. Vincent écarquilla les yeux, et n'eut le temps de rien d'autre. La fusée explosa. Le corps de Vincent fut déchiqueté, le toit du manoir soufflé.
Adélaïde hurla et, pour la première fois, déploya ses ailes. Elle ne s'envola pas, mais ses immense ailes de métal protègeraient son corps des éclats projetés à travers la pièce.

Quand la poussière finit par se déposer sur le sol, Adélaïde se leva. Du laboratoire, il ne restait que des ruines. Le dernier étage et le grenier du manoir étaient dévastés. Le toit avait disparu. Quant à la fusée et à son père, ils n'existaient plus.

L'explosion avait été entendu par toute la ville. Les habitants ne tardèrent pas à affluer en masse pour regarder le carnage. Les hommes fouilleraient la maison à la recherche des survivants. Ils n'en trouvèrent pas. Uniquement des débris d'un corps et une table couverte de sang. Ils firent enterrés des cercueils vides au nom de Vincent et Adélaïde. Le manoir fut piller des derniers objets de valeurs qu'il contenait. Puis les portes et fenêtres furent condamnés. Les gens délaissèrent le lieu. Personne ne voulut l'acheter. Une rumeur de malédiction courut, et personne n'approcha plus l'ancienne demeure des Price.

Adélaïde resta seule dans cette maison en ruines, triste et sale. Uniquement entourée des échos du passé....

A suivre...

( Note : ceci ne correspond pas à ce que j'avais au départ. J'ai poussé la chose bien plus loin. Et j'ai moi même était choqué du comportement de Vincent en me relisant. J'ai écrit et relu le texte en écoutant  Inside your head de Magnum, qui est une très belle chanson triste. j'avais le coeur serré en lisant les mots de Vincent à sa fille.)

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Commentaires
M
Quel apogée ! Et tu as bien entretenu le suspense concernant la transformation d'Adélaïde. C'est vrai que le comportement de Vincent est choquant, ignoble, complètement dément... Il mérite sa fin, et celle-ci peut à présent effectivement bien alimenter les légendes !<br /> <br /> Et Caleb ? J'ai hâte qu'on le revoie...
V
J'avais la larme à l'œil! Mais pauvre Adélaïde ! Il me tarde de lire la suite!<br /> Bisous<br /> Valentine
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